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Gone with Butler
14 janvier 2013

Agora

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Agora... Cela prête à confusion car l'époque du film n'est pas grecque mais romaine. La ville n'est pas non plus grecque mais égyptienne. A priori, on ne parle pas à l'agora mais à la bibliothèque, la fameuse, celle d'Alexandrie... Alors pourquoi ce titre?

Certes, on parle aussi à l'agora, on y parle un peu trop d'ailleurs! Vous savez, l'agora, c'était le centre-ville, le lieu où se montrer et où aller pour être au courant des derniers potins. Y traînent notamment des «marchands d'opinions» et autres sophistes... Cette fois, pour le malheur des savants, on y parle religion et chacun défend son dieu comme des supporters avant un match de foot («mon dieu à moi me fait traverser le feu sans me faire rôtir» et autres arguments de haut vol!). Seulement, à la moindre injure, on sort sabres et coutelas! Mieux vaut partager l'opinion générale sous peine de défoulements sanglants...

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Bref, on retrouve dans ce film la sempiternelle rivalité entre opinion et science. D'un côté, on a des chrétiens qui préparent la longue période muselée en matière de connaissances scientifiques (suivez mon regard, Giordano Bruno brûlé pour des propos similaires à l'héroïne du film, Hypatie, philosophe et astronome), période où on a rabaissé les femmes jusqu'à finir par se demander si elles avaient une âme, période enfin où les chrétiens tuaient pour leur Dieu. D'un autre côté, le ministre de l'Éducation Nationale peut se réjouir de voir une femme incarnée la passion scientifique, lui qui se plaint du manque d'effectif féminin dans ces filières. Néanmoins, le film ne s'appesantit pas sur les explications: si vous connaissez un peu la géométrie, l'astronomie ou l'histoire des sciences, tant mieux pour vous. Sinon on ne vous demande de ne retenir qu'une chose: les mouvements des objets célestes ne forment pas des cercles mais des ellipses. Au pire, vous vous contenterez de l'esthétisme de la scène lorsqu'entre deux flambeaux, Hypatie trace son ellipse avec un bâton et une ficelle.

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Pourquoi un tel film, aujourd'hui?
Les chrétiens s'opposent d'abord aux païens. Jusqu'ici on ne s'émeut pas trop. Puis ils s'en prennent aux Juifs. Bizarrement, ça pourrait se transposer à notre monde... Titillement confirmé lorsqu'une assemblée de gros bras tous habillés de noir, rend hommage à un martyr, un homme mort pour avoir défendu sa religion (en attaquant un représentant du pouvoir, soit dit en passant).

Cela reste beaucoup trop dans le conventionnel: les religions peuvent rendre fanatiques, la science est la seule «
opinion vraie», même si elle n'a pas d'effet concret immédiat, le tout dans une légère atmosphère d'apocalypse, propre à ces dernières années, avec la bibliothèque remplie des trésors de l'humanité accumulés au cours des siècles, pillée et brûlée.

Un bon film historique (les références sont-elles toutes exactes? Je n'ai pas vérifié) mais sans réel attachement pour les personnages ni pour leurs sentiments (quoique Rachel Weisz est présente tant bien que mal, avec beauté et délicatesse, et que le fougueux Max Minghella soit fort séduisant); un film qui n'a rien d'exceptionnel mais qui se laisse voir avec plaisir.


Agora, d'Alejandro Amenabar, 2010, avec Rachel Weisz, Max Minghella et Oscaar Isaac.

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